En cherchant l’harmonie et la fluidité du geste, les pratiquants du Taichi apprivoisent l’énergie dans la
douceur et la lenteur. Le TAICHI de l’eau est fait d’enchaînements, de mouvements d’ouverture et de
fermeture, de montée et de descente.
Rassembler, réunir, centrer.
Couler, infiltrer, inonder, remplir, prendre toute la place, telle l’eau vivante.
Le TAICHI est comme une danse très codifiée mais qui ne peut se définir uniquement par une
succession d’enchainements superficiels. C’est un art martial interne qui demande une conscience des
postures et pour lequel un travail des articulations, des muscles, et des placements, s’impose.
Il est regard, il est direction.
Il est fluidité, il est gravité.
Il est connexion,
Il est à la fois, sans force et sans effort apparent, et à la fois, force, souffle et maîtrise.
Il est…
Ce travail en profondeur est un apprentissage sur la durée.
Or, l’apprentissage, de manière générale, n’est pas linéaire ou successif : on pourrait croire qu’il suffit
de mettre bout à bout des séquences que l’on apprendrait dans l’ordre, à chaque cours, et que la somme
de ces apprentissages successifs constituerait un tout, au final. Ce n’est pas si simple.
L’expérience montre qu’on avance puis on perd, on avance puis on perd.
Cette façon d’apprendre spiralaire, renforce la mise en mémoire et doit permettre de revoir, de consolider
et apprendre davantage.
Revenir en arrière pour mieux avancer.
Comprendre et rajouter.
Sentir et apprécier.
Pratiquer, vivre avec son corps et le corps se souvient.
A l’école maternelle, les concepts se construisent le plus souvent en salle de motricité pour vivre les
situations avec son corps. Et tous les apprentissages, langagiers, mathématiques, scientifiques,
incluent des phases de manipulation, de matérialisation, de vécu qui sont un passage obligé à
l’abstraction.
Construire les notions : A l’intérieur de, à l’extérieur de, dessus, dessous, entre… ne peut pas se faire
directement sur une fiche d’exercices qui serait totalement inaccessible pour certains enfants.
Il faudra auparavant sauter à l’intérieur des cerceaux, à l’extérieur, passer entre eux, jouer à chat et
à beaucoup de jeux, dans l’espace pour que le corps fixe l’esprit.
Chercher les compléments à 10, ne peut se faire qu’en manipulant des pions ou cubes qui
matérialisent les nombres. Plus tard, la division cette opération complexe,ou les fractions devront être
comprises par le corps, et vécues dans des situations concrètes de partages en parts égales, car les
enfants n’ont pas accès directement à l’abstrait.
Mais tout cela reste vrai pour les adultes, on n’est pas tous égaux devant la logique, la déduction, le
raisonnement…. la conceptualisation.
L’apprentissage n’est pas le même pour tous, il est hétérogène, il ne se fait jamais en même temps au
sein d’un groupe de personnes.
Peut-on raisonnablement croire que dans une classe tous les enfants apprennent à lire en même temps
et de la même façon ?
Peut-être devrait-on arrêter de penser que certains sont meilleurs que d’autres, mais, plutôt penser
qu’ils n’apprennent pas de la même manière, qu’il n’y a pas qu’une façon, qu’un rythme, et que le
temps imparti pour le faire peut être différent.
Il y a toujours dans la tête des enfants un travail de compréhension silencieux, qui va faire mouche un
jour ou l’autre, les croisements d’informations, les connexions prennent plus ou moins de temps…
donc sans arrêt remettre sur le métier son ouvrage, refaire, s’exercer, manipuler, faire des essais,
refaire autrement, prendre d’autres exemples, dessiner, schématiser… pour comprendre et avancer.
Dans notre groupe de Taichi, c’est la même chose.
Et ce qui reste très intéressant et profitable pour tous,
c’est d’alterner les groupes d’apprentissages par niveau, avec de temps à autre, une pratique collective
de tout le groupe, même si tout le monde n’a pas le même niveau.
« Les petits poissons nagent aussi bien que les gros », c’est la chanson qui le dit, mais Charlotte aussi.